Description
Le type arrive tout seul sur scène avec sa guitare et exécute – au sens propre – une version académique ratée de « jeux interdits ». Quelques accords laborieux plus loin, il s’excuse de sa lamentable prestation parce qu’il l’avoue lui-même, il est débutant. Le public du Vauban se marre, c’est bon signe. Le guitariste raté est rejoint par une miss et un guitariste. Ils s’appellent Uztaglotte, ils viennent de Nantes. Voilà pour le décor. C’est déjà pas facile d’ouvrir en première partie quand on n’est pas vraiment connu mais quand en plus on évolue dans la chanson à thème, ou à texte, il faut un sacré sens de l’humour. Et ça c’est vachement casse-gueule. Desproges disait : « peut-on rire de tout ? Oui, mais pas avec n’importe qui. » Pratiquer l’humour et se ramasser : prendre un bide c’est terrible. Ca passe ou ça casse. Avec Uztaglotte, ça passe et ça passe même à l’aise. Le public se laisse embarquer, un peu timide au début mais au bout d’un quart d’heure on rit chaudement, on rit à pleurer des intermèdes du groupe. C’est le spectacle dans le spectacle. On sent une vraie complicité entre chaque membre du groupe et l’harmonie fonctionne parfaitement. Ces trois là ont une puissance comique insoupçonnée. Entre souvenirs d’enfance et brèves de comptoir, les trois compères embarquent le public dans leurs histoires de fous, un public qui se marre et qui en redemande. La chanteuse – qui pour la petite histoire est la soeur de Jeanne Cherhal, bon sang ne saurait mentir – revient donc, incrédule : « un rappel ! C’est un rappel ? » Le public confirme dans un éclat de rire. Il y a moins d’une heure ils étaient inconnus. Maintenant on connaît leur nom – Uztaglotte – mais on connaît surtout l’étendue de leur talent.
Espace Vauban 9 février 2006.